Phensy Chhun
C’est l’amour qui a mené Phensy Chhun à Saint-René-de-Matane. À l’automne 2016, sa vie prend un nouveau tournant lorsqu’elle rejoint son conjoint, Michel Lefrançois, en Matanie.
Originaire du Cambodge, Phensy est envoyée en Thaïlande à l’âge de 16 ans. « Mon oncle nous a fait prendre l’avion et on a atterri dans un camp de réfugiés ».
Six mois plus tard, Phensy obtenait le statut de réfugiée politique en France et s’y installait avec sa grande famille. Le lendemain, le Cambodge était pris d’assaut par les Khmers rouges. Son oncle, alors ministre, allait mourir sous leurs balles.
Après trois années où Phensy enchaîne une routine exigeante « métro, boulot, cours de francisation, dodo », elle s’épanouit graduellement dans son nouvel environnement et sent que tout est possible.
Pourtant, peu de temps après, son monde s’écroule à nouveau au moment où la France change de président. Ayant déjà vécu un coup d’État au Cambodge, la mère de Phensy s’inquiète et craint pour leur avenir. « Elle a eu peur. Elle a voulu changer de pays pour partir au Canada. »


Sa mère décide alors du plan qui allait changer le cours de leur vie : Phensy devait se marier avec le fils d’un de ses amis, pour ensuite aller vivre au Canada et y faire venir sa famille. « Je n’ai pas eu le choix ». Elle se marie quatre mois plus tard et déménage en 1989 à Laval.
Michel Lefrançois est originaire de Sainte-Félicité. Il a vécu 36 ans en Beauce où il alternait entre des postes de préposé à domicile et des voyages humanitaires dans différents pays du monde. En 2016, il revient en Matanie, car la proximité avec le fleuve et l’air salin lui manquent.


C’est peu de temps après que Phensy et lui débutent la relation virtuelle qui les mènera à mieux se connaître et à tomber en amour. Le couple raconte avec beaucoup de rires les premiers mois de leur relation en ligne. Ils ont d’abord été amis, puis bons amis, très bons amis, jusqu’à devenir amoureux et maintenant partenaires d’affaires.
Ils se sont dernièrement lancés dans le projet de restauration « Cuisine chinoise Phensy Chhun » de plus en plus connu en Matanie.

Après la venue de Phensy en Matanie, le couple emménage ensemble à Petit-Matane. Lorsque le père de Michel décide de se départir de sa maison à Saint-René-de-Matane, c’est un peu à contrecœur qu’ils décident de quitter le bord du fleuve pour vivre dans la maison familiale. À leur plus grande surprise, ils se laissent apprivoiser par la beauté que dégage ce nouveau paysage montagneux et forestier.
Fréquenter l’église a été le point de départ de leur intégration. Selon Lise Chrétien, déléguée de l’équipe pastorale, « les déjeuners communautaires, organisés avant la pandémie une fois par mois, permettaient de jaser et de créer des liens entre les membres de la paroisse. »
Le couple a par la suite saisi toutes les opportunités pour se créer un réseau : fête du village ou même les ventes de garage. Ça n’a pas été toujours facile, mais petit à petit, Phensy et Michel prennent leur place dans cette communauté de proximité.
Phensy offre maintenant des services en couture et a démarré son projet de restauration en 2020. Elle se plait à concocter des mets asiatiques sur commande pour les matanien.nes. Le couple souhaite ainsi s’impliquer dans cette municipalité, où la vie les a menées pour contribuer à la dynamiser.
Rédaction : SANAM
Photos en extérieur : Atelier Camion
Autres photos : Gracieuseté de Phensy Chhun