ALFREDO HERNANDEZ CASTELLANO
Carrossier – CarrXpert
Pour pallier la pénurie de main-d’œuvre au Québec, de plus en plus de milieux de travail accueillent des personnes immigrantes. Mais qui sont les humains derrière les travailleurs ? Quelle est leur histoire ?
En faisant leur connaissance, on découvre souvent des individus courageux qui ont laissé derrière eux leurs proches et leurs racines, avec l’espoir d’améliorer leur vie et celle de leur famille.
C’est le cas d’Alfredo Hernandez, 45 ans, originaire du Mexique. Alfredo est à l’emploi de CarrXpert à Matane depuis 2019. Il est très apprécié de son patron, Danny Lévesque. Le bonheur est réciproque : le carrossier se sent bien dans son nouveau milieu de travail.
Alfredo est passé d’une capitale de près de 9 000 000 habitants au rythme de vie effréné à une région au tempo relax d’environ 21 000 habitants (sans parler du changement de climat). Ce fut une expérience marquante : « J’étais impressionné de voir les rues tranquilles, les maisons, les granges et tout l’espace. C’était très étonnant pour moi ! »
Le nouvel arrivant a vite oublié le flot incessant de trafic et de gens pour ajuster son pas au mouvement paisible de La Matanie. Il apprécie les grands espaces, la nature et le calme. Il est sensible à la beauté du fleuve et des paysages maritimes. Il aime se balader sur la grève, courir et faire du vélo.
À Mexico, la vie était difficile pour Alfredo. « Je partais travailler à 5 h du matin. Je devais prendre l’autobus et le métro. J’arrivais à 8 h au travail. Ma journée se terminait à 20 h. Je rentrais à la maison seulement vers 22 ou 23 h. Chaque jour, j’étais fatigué dès mon réveil », confie-t-il. Il faisait tout ce chemin pour se rendre au boulot parce que les emplois les plus payants étaient les plus éloignés. Parfois, les transports en commun ne fonctionnaient pas bien en raison de pluies abondantes ; ça rendait le quotidien encore plus pénible…


Le carrossier a passé plusieurs évaluations afin d’obtenir ce contrat de travail avec un employeur canadien. Le processus a duré un an. N’obtient pas un contrat de travail au Canada qui veut ! Il faut être, entre autres, responsable, n’avoir aucun antécédent judiciaire, être qualifié, compétent et fiable. Alfredo répondait à tous les critères.
L’entrée en poste de ce travailleur mexicain chez CarrXpert a été toute une expérience. « Comme je ne parlais pas français, c’était difficile de communiquer avec l’équipe. Mes collègues essayaient de m’expliquer des choses, je ne comprenais rien et je voyais qu’ils trouvaient cela déstabilisant autant que moi. À ce moment-là, j’aurais aimé avoir une carte mémoire de langue française à insérer dans ma tête pour devenir bilingue instantanément ! », lance-t-il en riant. Petit à petit, le nouvel arrivant, son patron et l’équipe ont trouvé des façons de communiquer ensemble. Avec patience et humour, ils ont appris à se comprendre en peu de mots.


La première phrase qu’Alfredo a apprise en français est « Pouvez-vous m’aider s.v.p. ? ». Il a ensuite intégré du vocabulaire, un mot à la fois. Il a également écouté beaucoup de musique francophone et s’est inscrit à un cours de francisation, un soir par semaine. « C’est difficile d’apprendre une langue à l’âge adulte, mais ce n’est pas impossible », soutient-il. Le nouvel arrivant voit ce défi positivement : « Au travail, je fais toujours trois choses en même temps : travailler, chanter et danser. J’aime apprendre le français en chantant ! » Plus le temps passe, plus il comprend bien ses interlocuteurs et mieux il arrive à exprimer sa pensée.
La barrière de la langue a été le plus grand obstacle pour Alfredo. Malgré cela, il se sent appartenir entièrement à sa nouvelle communauté : « Je ne me sens pas comme un étranger. C’est comme si je venais d’ici ! Nous sommes des humains ; nous sommes tous les mêmes ! » Celui qui était habitué à un climat subtropical affirme même être plutôt confortable avec le climat matanien. Il a découvert la neige avec fascination !



Alfredo souhaite de tout cœur que son fils unique de 22 ans, diplômé en droit, devienne aussi Matanien, Québécois et Canadien. Il rêve d’une carrière florissante pour lui. « Je n’ai jamais regretté mes efforts et mes démarches. C’est un engagement que j’ai pris avec moi-même, pour le bonheur des miens », explique le papa, avec tendresse. On le croit sur parole ; lorsqu’il parle de son fils, ses yeux brillent de fierté. Cette lumière est celle de l’amour inconditionnel.
Le nouvel arrivant doit devenir résident permanent du Canada avant d’espérer accueillir son fils en Matanie. Il a besoin d’atteindre un bon niveau de français pour y arriver. Il a maintenant droit à un cours de francisation en entreprise et il poursuit son apprentissage au Centre d’éducation des adultes de Matane. C’est exigeant de faire un retour aux études tout en travaillant à temps plein, mais il s’accroche, il persévère et progresse petit à petit. Un jour à la fois, il y arrivera !
Bien qu’il soit assez occupé, Alfredo n’a jamais eu autant de temps pour lui. Il peut maintenant faire des activités, dont des balades sur la grève. Il a hâte de pouvoir profiter de ce temps de qualité avec son fils. C’est sans doute cet espoir qui rend son sourire si lumineux et qui lui donne foi en l’avenir.
Rédaction : Mélanie Gagné Créatrice de contenu
Photos en extérieur : Atelier Camion
Photos en entreprise et vidéo : Triango.net
Autres photos : Gracieuseté de Alfredo Hernandez Castellano